Il y a sept ans de ça, j’adoptais un chat … à l’époque je sortais d’une grosse déception amoureuse, peut-être la plus forte de toute ma vie (façon mange ça bien comme il faut, tu l’as cherché), et qui m’avait conduite à découvrir les joies du running (je sais, ça rappelle fortement « Forrest Gump », mais c’est vrai que ça soulage), mais ça ne suffisait pas.
Alors j’ai fait une chanson composition musicale :
Mais il fallait autre chose, une présence, un compagnon, une boule de poils qui m’apporte cette affection que j’avais besoin.
C’était alors un nouveau coup de foudre qui m’attendait, cette petite boule de poils toute noire avec de graaaaands yeux jaunes tout mignon, tout gentil. Et on a appris à se connaitre.
La première des choses qu’il fallait faire, c’était lui trouver un nom et je n’étais pas inspirée : les chats trouvés en fourrière n’ont pas de noms choisis à la SPA, et j’ai mis le temps avant de trouver. Mais le minou bien que tout doux et gentil, se révélait vite assez caractériel et aimait bien exiger pour se faire servir. C’est ainsi qu’est venu « Pacha », puis « Pasha » car l’orthographe avec le s est aussi possible et je trouvais ça plus sympa sur lui … et puis phonétiquement ça ne change rien.
Pasha s’est montré au début craintif, anxieux, parfois sur la défensive : il est resté caché le premier soir et a exploré mon appartement petit à petit. Il est resté muet durant deux trois mois, posant de multiples interrogations … mon chat ne miaulait pas, ce n’était pas un causeur. Et puis un soir, il s’est mis à s’exprimer.
Un peu.
Beaucoup.
Et parfois c’était devenu beaucoup trop.
Pasha était en fin de compte un vrai petit orateur, ce qui occasionnait parfois de vraies conversations, chacun dans son langage, et même des disputes, comme un vrai petit couple.
Ha, au niveau couple. Mes amantes devaient se tenir à carreaux avec lui et surtout ne pas s’aviser de parler mal à son sujet. Je suis même allée jusqu’à rompre car une d’entre elles avait eu (sans le vouloir, je pense) un geste un peu brusque à son égard alors qu’il voulait lui dire bonjour. Mon lit était SON lit et il avait sa place, même quand je dormais avec ma moitié. Il a partagé mes crèves, veillant sur le lit à côté de la malade que j’étais, nous avions fini par compter l’un sur l’autre, à notre façon.
En Pasha bien nommé, il aimait le foie gras et le saumon fumé, et a failli par atteindre un bon poids de 6 kilos au stade adulte. Il se prenait pour le petit roi, déambulant dans les pièces comme une petite panthère : je suis Bagheera, le maitre de ces lieux. Il était jaloux, parfois possessif : il n’aimait pas le téléphone, et me tournait autour en pestant dès que je commençais à parler au combiné. (alors que 5 minutes avant, il dormait et se fichait bien de savoir que je m’intéressais à lui). Si ça n’allait pas comme il le voulait, gare, il pouvait se glisser dans mon panier de linge sale pour y laisser une remarque, à sa façon.
Il adorait les femmes, et craignait les hommes.
Et puis un jour ça vous tombe dessus, sans prévenir. Je l’ai amené chez le vétérinaire car il avait des crises de vomissements. Le verdict est tombé. Insuffisance rénale aigüe. Il s’est est sorti une première fois. Pas la deuxième.
Il est parti. Il n’avait pas encore 8 ans.
Des gens m’ont dit « ce n’est qu’un chat ». Non ce n’était pas qu’un chat. C’est un compagnon qui a suivi mes aventures pendant 7 ans. M’a vue rire, m’a vue pleurer. M’a rappelé à son bon souvenir un jour où ça n’allait vraiment pas. Me faisait obligatoirement un câlin au réveil, ronronnant à mon oreille. C’était mon ami. Et je suis aujourd’hui inconsolable. Même si je m’accroche, continue le sport, ce programme de bioinformatique, ces révisions pour ma certif Symfony.
Je cherche des exutoires, j’ai découvert l’œuvre inspirante de Sophie Calle, qui a collaboré entre autres avec Pierre Lapointe, que j’aime beaucoup. Ce travail tourne autour de son chat mort, et du vide que crée sa perte.
Inspirée par ce kaléidoscope créatif, j’ai alors pensé à lui créer une chanson, un air jazzy à la guitare sur lequel je vais travailler avec mon professeur.
Je lui ai dédié cette mini-série urbex « Ravage et Désolation » pour exprimer par l’image mon état intérieur.
J’ai pris rendez-vous avec mon tatoueur, lui exposant mon idée, car une page se tourne.
Il n’est plus là. Et je n’aurais jamais pensé, il y a 7 ans, que perdre un animal pouvait faire aussi mal.
C’était plus qu’un chat.